THE LOVE ;;
DISCOVERY ;;
PRIMATECH ;;
THE ESCAPE
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▬ Alors Charlie, qu’est-ce que tu comptes faire de ta semaine de perm’ ?
▬ Je file à Londres, je bois pendant quarante-huit heures, si j’ai du bol j’ai une gentille fille pour me border, je récupère pendant douze heures et ensuite je recommence jusqu’à ce que je sois mort *0*
Sans doute la réponse typique d’un soldat célibataire de vingt et un an qui savourait une fois de plus le fait d’être revenu de mission en vie. Cependant, il y avait une chose qu’il n’avait pas calculé dans son charmant programme… le sourire diabolique de son adjudant-chef.
Et deux heures plus tard, notre homme n’était non pas dans un avion en route pour Londres, mais bien accoudé sur le rebord de la fenêtre du 4X4 de son mentor et meilleur ami. Affalé, le nez au vent, Charlie ne semblait pas des plus réjouis de se trouver là plutôt que d’être en route pour la beuverie monumentale qu’il s’était prévu.
▬ Mais qu’est-ce que je vais y faire moi à ta réunion de famille tu peux me dire?
▬ Tu vas vivre la permission d’un homme, pas d’un gamin. Ça te changera.
▬ Et si j’ai très envie de faire le gamin?
▬ T’auras qu’à jouer avec les gosses!
▬ C’était pas à ça que je pensais =.=
▬ Je sais.
Charlie roula les yeux et soupira profondément. Il échangeait une quantité phénoménale de bière et des jolies femmes à ne plus savoir qu’en faire pour une poignée de marmots et une grand-mère à moitié sourde, génial, vraiment génial =.=
Cependant, il fallait croire que dieu était du côté d’Andrew ce jour là. Une conspiration probable entre le tout puissant et l’adjudant, c’est nous qui vous le dit! Mais toujours fut-il que Charlie découvrit non seulement que Mémé Spencer n’était pas sourde – et qu’en plus elle reluquait le fessier des jeunes soldats, la perverse – mais en plus que jouer au cowboy et aux indiens – ouais les gosses ça ne pense pas en nombre, ça pense en taille et un grand Charlie, dans la tête d’un enfant, ça vaut pour quatre indiens nains – ça pouvait être marrant même si on passait le trois quart du jeu ficelé à un arbre. Bon, il y avait le côté peu hygiénique de se recevoir trois fléchettes à ventouse sur le visage, mais à l’exception de ce détail… D’accord! C’était pas si drôle que ça, content? è.é
▬ Hey Cowboy! Je te pensais fort et rusé, qu’est-ce que t’attends pour te sauver?
▬ Si j’avais un AK47, tu ferais moins le malin sale morveux è.é
▬ C’est peut-être un peu expéditif contre des enfants, vous ne pensez pas?
▬ D’accord, mon couteau de chasse dans ce cas…. Pour les écorchez vifs =.=
Et pendant qu’il avait marmonné son plan machiavélique, Charlie avait détourné les yeux de ses persécuteurs âgés entre dix et quatre ans pour les poser sur une magnifique brune qui respirait la simplicité. Et qui tentait de cacher un sourire amusé – sûrement les ventouses – question de restée polie. Hors donc, laissons la moquerie de côté, relevons seulement le fait qu’elle était jolie!
▬ Trois mois de combats dans le désert et vous vous faites avoir par des enfants?
▬ Pour ma défense, je dirai que je suis en congé… et que j’ai promis à Andrew qu’il aurait encore tous ses mômes à l’heure du dîner.
Chassant justement les enfants pour qu’ils rentrent manger, la belle inconnue entreprit de détacher Charlie de son arbre. Dès qu’il eut les mains libres, le sergent s’empressa de chasser les ventouses qui lui collaient à la peau.
▬ Et bien mission accomplie soldat, félicitation.
▬ Merci madame! Et merci pour le sauvetage, quoi que c’est la première fois que Lucky Luke se fait sauver par une demoiselle… Ça risque de faire mal à sa renommée =/
▬ Nous garderons cet incident entre nous dans ce cas.
▬ Vous, je vous aime bien! Je m’appelle Charlie, Charlie Duncan.
▬ Hannah. Je suis la belle-sœur d’Andrew.
▬ Excellent! J’ai au moins une chance de vous faire du gringue et d’en sortir vivant alors *0*
▬ Vous pensez? Andrew me dit souvent que je suis la sœur qu’il n’a jamais eue.
La mine réjouit de Charlie mourut aussi vite qu’elle était apparue et Hannah s’en amusa cruellement tout en se dirigeant vers la maison.
▬ Ce pourrait être une chose en plus que Lucky Luke et sa sauvetatrice pourraient garder entre eux, qu’en pensez-vous?
▬ À une seule condition.
▬ Laquelle?
▬ Ne dites plus sauvetatrice.
▬ À vos ordres madame!
▬ C’est mademoiselle.
S’arrêtant une seconde sur le porche, Charlie eut un sourire totalement séduit alors que la demoiselle – c’est pas nous, c’est elle qui le dit è.é – lui glissait un clin d’œil que nous osons qualifier de coquin. Et à en croire les poings serrés en parfait signe de « merci seigneur! » que Charlie eut avant d’entrer dans la maison, il n’était plus fâché contre cette conspiration que ledit seigneur et son adjudant-chef avaient concoctée pour lui.
Sept mois plus tard
De retour sur la ligne depuis quelques semaines, Andrew, Charlie et leur unité faisait face à des combats violents. Les tirs d’artilleries avaient de quoi rendre sourds et l’avancée était difficile, voir impossible selon les plus pessimistes. Mais ce n’était pas le cas de Charlie ni de son supérieur. Les ordres étaient d’avancer et ils avanceraient coûte que coûte.
▬ J’ai reçu une lettre de Mary hier, elle disait qu’Hannah commençait à se faire du souci.
▬ On peut pas en parler plus tard?
Face contre terre au fond d’un trou causé par du mortier, les deux hommes menaient la tête de leur unité en direction d’une batterie de tir adverses qui faisait rage. L’objectif, atteindre la batterie et la mettre hors d’état de nuire.
▬ Non, c’est pile poil le bon moment!
▬ Mais qu’est-ce que tu veux que je te dise?
▬ Que tu tiens à Hannah. Quand tu quittes une fille après six mois pour aller à la guerre, d’habitude tu gardes contact mon grand, tu connais rien aux relations hommes femmes?
▬ Je vais te dire, j’en connais un rayon dans le dix-huit ans et plus, mais question roman d’amour, c’est pas moi le spécialiste!
Se redressant pour tirer quelques salves en direction de l’ennemi, Charlie replongea sans attendre dans leur trou. Une explosion de grenade à quelques mètres fit jaillir de la terre et tous deux se couvrir la tête en s’enfonçant le nez dans le sol pour se protéger.
▬ Moi je m’y connais et quand on retournera au camp, tu vas écrire à Hannah, pigé?
▬ Et je vais lui écrire quoi? Salut chérie, quoi de neuf? Ça gaze?
▬ Tu lui dis que tu l’aimes abruti, c’est pas sorcier quand même! Et c’est un ordre! è.é
▬ Oui chef =.=
Andrew sourit, content de lui et les deux hommes s’emparèrent chacun d’une grenade. Charlie attendit le signe de l’adjudant et dès que celui-ci le donna, les deux hommes se redressèrent à vitesse grand V pour sortir de leur trou et foncer sur leur objectif…
Une semaine plus tard
Descendant d’un cargo militaire, l’état de Charlie montrait bien que la mission avait été tout sauf facile. Plusieurs écorchures sur le visage et son bras gauche en atèle n’étaient que la partie visible de l’iceberg. C’était sans compter son flanc gauche et sa jambe. Mais à ses yeux, ce n’était rien comparé à ce qu’il supportait de sa main droite. En tête des hommes qui portaient le cercueil en bois typiquement militaire, le grand brun avança jusqu’à se retrouver face à une Hannah en larmes, les mains contre sa bouche. Posant le cercueil au sol, Charlie se redressa par la suite, cherchant à rester le plus droit et impassible possible.
▬ Oh mon dieu, Charlie.
Hannah se jeta contre lui et Charlie l’entoura de son bras valide. La sentir contre lui, respirer son odeur, c’était un véritable soulagement.
▬ … Où est Mary?
▬ Elle n’a pas été capable de venir, elle m’a demandé si je pouvais…
L’émotion l’empêcha de poursuivre et Charlie la serra un peu plus fort.
▬ Je vais m’occuper de la paperasse t’en fait pas.
Il put sentir la jeune femme hocher de la tête contre son épaule et le brun la berça quelque peu avant de soupirer fortement dans son cou.
▬ C’est moi qui devrais être dans cette boite.
▬ Ne dit pas ça.
▬ Il avait une femme et des gosses, moi j’ai rien à perdre…
▬ Et moi je compte pour du beurre?
Elle s’écarta légèrement de lui et Charlie plongea ses yeux bleus dans son regard chocolat. Il repoussa les cheveux qui lui collaient au visage, le dernier ordre de son commandant lui revenant en mémoire.
▬ Non, c’est vrai… Je t’aime Hannah.
Il chassa ultimement une larme de sur sa joue avant de l’embrasser avec tendresse. Un premier « je t’aime » des plus sérieux qui se faisait dans de tristes circonstances, mais c’était là le dernier ordre d’Andrew… Charlie lui devait bien ça.
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▬ Chéri, je crois que ça serait mieux si on faisait faire ça par des professionnels…
Grimpé sur le toit de la maison dont ils étaient récemment les heureux propriétaires, Charlie roula les yeux dans leur orbite en entendant la voix d’Hannah provenir d’en bas. Reculant de quelques pas pour finalement se retourner, le brun jeta le regard dans le vide pour voir sa femme avec leur fils de trois ans dans les bras.
▬ J’avais pourtant dit que je remplacerais la couverture lorsque je serais en vacances.
Inutile de le lui rappeler, ils avaient tellement bataillé pour ce détail. Cette maison était parfaite, exactement ce qu’ils recherchaient. Le seul hic était cette maudite couverture qui devait être refaite. Loin d’être réfréné par le travail manuel, Charlie avait opté pour mettre ce projet à exécution dès qu’il serait en vacances, mais il devait vivre avec le fait que sa femme était surprotectrice. Elle ne pouvait pas contrôler le fait qu’il risquait sa vie dans sa carrière professionnelle, probable qu’elle cherchait à compenser dans leur vie privée. Agaçant, certes, mais ça ne la rendait pas moins adorable, il fallait bien l’admettre.
▬ Mais es-tu certain de savoir ce que tu fais?
▬ Mon ange, je ne pense pas que ce soit plus compliquer de changer une couverture que de désamorcer une ogive nucléaire.
▬ Ouais bha on a jamais vu James Bond faire des rénovations, alors excuse-moi de douter!
Un sourire amusé se glissa sur les lèvres de Charlie alors qu’il se promenait de long en large sur la toiture, parfaitement à l’aise, pour évaluer le travail qu’il aurait à faire dans les jours à venir.
▬ … Charlie, fais attention, tu pourrais tomber.
▬ Mais non, je sais ce que je fais.
▬ Ce n’est pas parce que personne ne te tire dessus que t’es forcément en sécurité Charles Duncan!
Comme nous le disions… surprotectrice =.=
Et Charlie n’en pensait pas moins en délaissant une fois de plus son travail d’observation pour baisser les yeux vers la femme de sa vie. Il la dévisagea quelques secondes avant de se mettre faire des pas de gigue avec un large sourire.
▬ Charlie!
▬ Tu vois bien que c’est sans dan…
ger… Le mot que Charlie était sur le point de dire mais qu’il ne put jamais finir était le mot danger. Monsieur le super agent secret avait fait comme Hannah le craignait. Il avait pris cette promenade sur le toit pour une promenade sur le trottoir, il avait sous-estimé le danger – comme toujours – et il avait perdu pied dans sa danse, prouvant ainsi à sa femme qu’elle avait une fois de plus raison de se faire du souci. Roulant sur la toiture en V, Charlie s’accrocha ultimement à la bordure du toit pour s’empêcher de faire une chute de deux étages.
▬ Oh mon dieu!
Déposant Kyle sur le sol, Hannah tourna les yeux dans tous les sens à la recherche de l’échelle qui avait permis à son mari de monter là-haut.
▬ Hannah!
▬ Accroches-toi.
Trouvant finalement l’échelle des yeux, la jeune mère se précipita vers elle.
▬ Oh oui, heureusement que tu le dis =.=
Marmonnant entre ses dents serrées par l’effort physique, Charlie tenta de se hisser sur le toit, sans résultat. Difficile avec vos pieds qui balançaient dans le vide. Essayant à nouveau, sa main glissa et il chuta de quelques centimètres supplémentaires.
▬ Hannah dépêches-toi!
Un « je fais aussi vite que je peux » atteint ses oreilles et l’agent secret put déduire qu’elle se trouvait encore à plusieurs mètres. Insuffisant, il glissait de plus en plus. Serrant les dents un peu plus fort, dans un réflexe stupide qui ne changerait rien à la situation, Charlie inspira un bon coup avant de tenter une dernière fois de se hisser de lui-même.
Ce fut à ce moment que le phénomène se produisit. Sans que sa main ne trouve de quoi s’accrocher convenablement, le grand brun sentit pourtant qu’elle était solidement ancrée contre la surface de la toiture. Fronçant les sourcils d’incompréhension, Charlie relâcha la prise qu’il avait de son autre main sur la bordure du toit. En temps normal, il aurait dû glisser et tomber, mais il resta accroché de cette main simplement posée sur le bardeau de la toiture.
▬ Nom de dieu, c’est quoi ça?
Dans l’incompréhension la plus totale, Charlie posa son autre main sur le toit et le même phénomène inexplicable se produisit. Inexplicable, certes, mais pratique. Il put se hisser totalement sur le toit comme s’il avait été équipé de grappins alors qu’il était à mains nues. Ce ne fut que lorsqu’il roula sur lui-même pour s’éloigner du bord que le haut de l’échelle apparue dans son champ de vision.
▬ Charlie! … Charles!
Se redressant lentement, son expression aurait pu passée pour apeurée si tel avait été réellement le cas, mais l’écossais était simplement sous le choc de ce qui venait de se passer.
▬ Ça va, tout va bien.
▬ Descends tout de suite!
Obtempérant avant que sa femme ne meurt d’une crise cardiaque, Charlie entreprit de descendre le long de l’échelle en bois. Dès que ses pieds touchèrent le sol, Hannah se jeta à son cou et le serra si fort qu’il en étouffait presque.
▬ J’en ai rien à faire que tu te sentes émasculé, demain j’appelle un couvreur et toi tu ne remontes plus jamais sur ce satané toit!
▬ D’accord, ça va, je cède.
▬ Ce n’était pas une requête Charlie.
Laissant échapper un petit rire, le mari serra affectueusement la brune contre lui, ayant tout de même un regard intrigué en direction de cette portion de toit où l’étrange s’était produit. Sentant tirer sur son pantalon, Charlie quitta le toit du regard pour poser ses yeux bleus sur son fils.
▬ Papa.
Le bambin était en larmes, probablement plus affolé par les cris que s’étaient échangés ses parents que par ce qui s’était réellement produit, mais la grimace de l’écossais démontra qu’il avait totalement oublié la réaction que Kyle pouvait avoir. S’écartant un peu d’Hannah, il se pencha sur leur fils pour le soulever dans ses bras.
▬ Hey bonhomme, ça va, c’est fini. Papa va bien.
▬ Maman et papa sont fâchés.
▬ Non mon trésor, maman n’est pas fâchée. Maman est furieuse!
Et ce fut face à ce regard ardant que Charlie démontra ce qu’il aurait dû ressentir sur le toit, soit de la peur. Attirant un peu plus Kyle contre lui, oui Charlie osait se servir de son fils comme bouclier humain contre sa femme. Mais sachez qu’aux grands maux les grands moyens!
Hannah le darda du regard plusieurs secondes avant de se diriger vers l’intérieur de la maison, rapidement suivit par Charlie qui gardait toujours précieusement leur fils contre lui.
▬ Et papa va le regretter!
▬ … Hannah… On va pas en faire tout un plat.
▬ Tu peux dire adieu à ton bain de minuit!
▬ Voyons mon cœur… Chérie?
Le grand homme se fit joliment claqué la porte au nez, fils ou pas fils dans les bras et une moue grimaçante s’incrusta sur son visage alors qu’il échangeait un regard avec Kyle qui s’essuyait le visage.
▬ … Tu crois que maman était sérieuse?
Le petit brun hocha de la tête par l’affirmative, bien malheureusement pour Charlie.
▬ C’est quoi un bain de minuit?
▬ … Je te le dirai quand t’auras quatorze ans. Mais avant ça, il faut qu’on entre sans se faire massacrer… La vieille Fletcher aurait-elle déjà planté ses fleurs par hasard?
Le gamin haussa les épaules tandis que le père tournait la tête vers l’extrême gauche de leur terrain où une charmante petite clôture en bois délimitait la cours. L’agent secret s’approcha donc de cette limitation de territoire, les yeux plissé vers son objectif, soit le jardin de la vieille voisine.
▬ Kyle, papa va te montrer comment te faire pardonner tes bêtises auprès de ta copine. Une grande leçon qui pourra te servir plus tard, observe attentivement…
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Les choses s’étaient déroulées si vite. Un instant il était à Londres pour son débriefing, l’instant suivant il se retrouvait au Mali afin de mettre un terme au régime politique en cours. En d’autres mots, les Nations Unis avaient décidé de faire assassiner le général qui s’était proclamé détenteur des pleins pouvoirs. Les meilleurs éléments avaient été sélectionnés pour cette mission et Charlie en faisait partie. Son rôle, ouvrir la marche, ni plus ni moins. Il devait étudier et tester la sécurité autour du général et ensuite toute l’équipe déterminerait comment ils allaient procéder.
Et tout avait dérapé. Charlie s’était fait repérer et, en moins de deux, il était cerné. Conclusion, la sécurité autour du général était excellente et très efficace! Problème pour Charlie, ce cher général s’attendait à de la visite et il avait en tête d’utiliser l’écossais pour convaincre les autres pays de laisser gouverner sa nation tranquille. Un rendez-vous médiatique monstre pour illustrer le saut de l’ange qui mettrait fin aux jours de Charles Duncan et par conséquent, inviter les autres dans son genre à rebrousser chemin.
▬ C’est haut dites donc!
La tête légèrement inclinée vers ce vide de trente étages, Charlie émit un sifflement admiratif. Certes, il était totalement terroriser de se faire jeter du haut de ce toit, mais plutôt mourir que de le laisser transparaitre – ce qui allait justement arriver, vous parlez d’une vaine!
▬ Personne n’aurait un appareil photo à me prêter?
Ça, c’était Charlie tout craché. Même en situation extrême, il savait se montrer imperturbable. Seulement, soit les soldats qui l’encadraient ne comprenaient pas l’anglais, soit son esprit clownesque ne faisait pas l’effet escompté aujourd’hui.
▬ Non? Tant pis alors.
Se balançant légèrement sur ses pieds, ses mains étaient menottées devant luis et les quelques bleus sur son visages montraient bien que sa capture n’avait pas été des plus douces. Reportant son attention sur le discours du général, Charlie roula bien vite les yeux, ne comprenant pas un traitre mot. De toute manière, ça devait ressembler à « c’est de votre faute si on est des tueurs, blablabla, laissez-nous tranquille, blablabla. » Rien de nouveau sous le soleil. Ces dictateurs étaient tous les mêmes. Charlie ne s’intéressa réellement à ce qui se passait autour de lui que lorsque le général le pointa. Fidèle à lui-même, l’écossais se pointa à son tour après avoir jeter un œil à droite et à gauche, l’air de dire « moi? » On ne vous le fait pas dire, ce type était cinglé =.=
Se faisant serrer par les épaules, ce ne fut qu’en se faisant approcher du rebord que Charlie démontra un réel signe de résistance.
▬ Hey doucement, minute papillon et ma dernière volonté t’en fais quoi?
Le général eut un certain sourire – sûrement que le culot de Charlie l’amusait étant donné sa situation – et fit signe à l’écossais qu’il pouvait aller au bout de son idée.
▬ … J’aimerais bien qu’on me laisse partir.
Un beau grand sourire niait en prime et Charlie se recevait une bonne claque derrière le crâne pour ensuite être un peu plus poussé vers le rebord.
▬ Ok ok, si on peut plus blaguer! Les menottes, au moins les menottes, soyez chic.
Exposant ses poignets, Charlie fit un petit signe de tête question d’amadouer un peu plus son futur meurtrier. Le général acquiesça à cette ultime volonté et ses hommes relâchèrent les épaules de l’écossais pour que l’un d’entre eux puisse lui retirer les menottes.
Un autre regard à droite puis à gauche, dès que Charlie eut une main de libre, il n’attendit pas que l’autre le soit pour réagir. Agrippant les épaules du pauvre homme qui avait eu le malheur de le libérer, l’écossas émit un sourire fou.
▬ Toi, tu viens avec moi!
Et il se projeta lui-même dans le vide avec le soldat qui ne trouva rien d’autre à faire qu’hurler. Ayant eu cette idée folle dès qu’il avait compris qu’il serait jeté du haut du building, Charlie s’empara de l’arme d’épaule du soldat pour se passer la bandoulière et glisser l’arme dans son dos. Ensuite, c’était la partie dont il était la moins sûre. Il n’avait pas fait ça souvent et jamais en cas de chute libre…
Utilisant le corps du soldat, Charlie se donna une poussée contre lui avec ses pieds pour se projeter contre la paroi en vitre du building. Le choc fut douloureux et, les premiers instants, Charlie n’arriva à rien sinon à glisser contre le bâtiment. Se forçant cependant à faire le vide, le brun sentait sa peau chauffer horriblement sous la glisse, pourtant il sentit la chute se faire de moins en moins violente pour finalement s’arrêter à quelques étages à peine de ce qui aurait été la fin de Charles Duncan.
Ouvrant un œil, puis le second, Charlie constata qu’il était toujours en vie, adhérant au verre du building à ce qu’il jugea être six étages du plancher des vaches. Il fallut plusieurs secondes à la garde pour réagir face à cet étrange phénomène, mais bien vite, des balles sifflèrent aux oreilles de Charlie qui s’empressa à fuir, toujours à jouer au Spiderman sur son building.
Il fallut par la suite plusieurs jours à Charlie pour passer la frontière et partout on pouvait voir des extraits vidéo de cette chute. Deux corps sur le départ, un seul à l’arriver et ce plan de Charlie ce mouvant sur la paroi de verre. Heureusement, la vidéo n’était pas d’assez bonne qualité pour qu’on puisse le reconnaître, mais elle suscitait tout de même les questionnements. Cependant, ce n’était pas le problème le plus urgent de Charlie. Il devait contacter le MI-5 et se faire vite extraire de cet endroit pour finalement pouvoir retrouver son chez-lui. Objectif ultime qui prit encore quatre jours. Après avoir mit les pieds à Londres, Charlie avait passé toute une journée à faire son rapport à plusieurs reprises, les éléments qui le composait étant pour le moins étranges et inusités. Ce ne fut donc qu’après quatre jours que notre homme remit enfin les pieds sur sa bonne vieille mère l’Écosse.
En débarquant à l’aéroport de Glasgow, Charlie s’attendait à avoir sa femme et son fils comme comité d’accueil, voir peut-être même sa belle-sœur et ses neveux, mais tel ne fut pas le cas. Ce qui l’attendait était plutôt une demi-douzaine d’hommes en complet. Vous savez, le genre qui n’inspire absolument pas confiance dès l’instant où vous les voyez? Exactement celui-là et l’instinct de l’écossais lui dicta de suite d’être sur ses gardes.
▬ Charles Duncan?
Introduisit celui qui devait être le chef de troupeau. Charlie le dévisagea profondément en réajustant son bagage sur son épaule.
▬ Qui le demande?
▬ Ce n’est pas important pour le moment. Nous vous demanderions de nous suivre. Simple contrôle de routine.
▬ Vous bossez pour l’aéroport?
▬ En effet.
▬ Alors pourquoi vous n’êtes pas en uniforme les gars?
Deux hommes arrivèrent de derrière lui et le brun sentit le canon d’une arme contre son dos.
▬ Arrête de faire le malin et suis-nous si tu veux pas avoir de problème.
▬ Tu veux que je te cite tous mes problèmes depuis une semaine? Parce que contrairement à ce que tu penses… t’es pas le pire du lot.
Mais le gros malabar n’était pas du genre à faire de l’humour si on en croyait la pression du canon qu’il exerça dans le dos de Charlie face à la réponse qu’il lui avait marmonnée. Roulant les yeux, l’écossais fut bien forcé de suivre ces hommes vers il ne savait où. Tout ça, ce n’était pas net. Ils ne pouvaient pas être de l’agence. Autrement ils se seraient identifiés et elle venait de l’assigner six mois à résidence pour se faire oublier. Ils ne pouvaient pas non plus être des hommes du général blessé dans son orgueil lors de son évasion culotée, ils n’étaient pas africains. Alors qui étaient-ils?
▬ Dites… vous comptez me dire ce qui se passe?
▬ En temps voulu mon ami.
La petite troupe sortant de l’aéroport pour se retrouver sur le parking, un simple tour d’horizon suffit à Charlie pou prendre sa décision. Ces types, ça ne sentait vraiment pas bon et l’autre qui l’appelait « mon ami », il n’aimait pas ça du tout. Il était préférable de ne pas rester dans les parages pour savoir ce qui allait arriver. Il n’avait pas survécu à un dictateur et une chute de trente étages pour ça, non monsieur!
Se servant de son sac pour déstabiliser le plus d’hommes possibles, Charlie se servit de ses notions de combat rapproché pour les autres, menaçant les derniers d’une arme qu’il leur avait prise en dernier recours.
▬ Désolé les gars, mais j’ai mieux à faire!
Sans plus attendre, il prit la poudre d’escampette, retournant à l’intérieur de l’aéroport pour pouvoir se mêler facilement à la foule avant de trouver un moyen de quitter les lieux tout en s’assurant de ne pas être suivi.
Un taxi le débarqua devant chez lui plus d’une heure après cette étrange rencontre et durant ce temps, Charlie avait cogité. Ces types étaient une menace, c’était certain. Il n’avait besoin de rien, sinon de son instinct, pour en être sûr. Son plan était donc de prendre Hannah et Kyle sans attendre et de filer ailleurs le temps de contacter l’agence et de savoir la marche à suivre.
Il n’y avait rien d’anormal dehors et, une fois cette constatation faite, Charlie se permit de souffler. Aucune voiture dans l’entrée à l’exception du sport utilitaire familial, c’était bon signe et l’écossais pénétra dans la maison en quatrième vitesse.
▬ Hannah! Hannah il faut qu’on s’en aille.
Aucune réponse. Ça, Charlie n’aimait pas ça du tout, mais il chercha à rationnaliser ne se disant qu’elle était peut-être à l’étage avec Kyle.
▬ Chérie? C’est important, il faut qu’on parte tout de suite.
Passant le vestibule, la cuisine et la salle à manger, le brun se dirigeait vers le bureau afin d’aller y prendre ses armes qu’il gardait soigneusement hors de portées de Kyle, dans un coffre. Mais en face du bureau, il y avait le salon. Salon où se trouvait non seulement sa femme et son fils, mais les types – maintenant amochés pour certains – de l’aéroport.
▬ Vous auriez dû nous suivre sans faire d’histoire.
Son visage devenant automatiquement des plus mauvais, Charlie pénétra dans le salon avec hargne, mais ne fit quelques pas avant de se voir encadré par deux costars armés. Il put entendre un « papa » gémit par son fils apeuré et vit sa femme le serrer un peu plus fort contre elle, n'en menant pas large non plus. Elle avait acceptée de vivre avec le fait d’être mariée à un agent des services secrets britanniques, mais ça ne voulait pas dire qu’elle avait la force de caractère pour le voir ramener du travail à la maison.
▬ Qu’est-ce que vous me voulez?
▬ Nous voulons comprendre Charles. Juste comprendre.
▬ Comprendre quoi?
▬ Ce que vous êtes. Comment vous arrivez à « marcher » sur les murs comme vous le faites.
Charlie écarquilla les yeux de surprise et l’homme qui lui parlait depuis le début eu un petit sourire moqueur.
▬ Allons, vous ne pensiez quand même pas qu’un tel spectacle resterait sous silence?
▬ Il n’y avait aucune façon de savoir que c’était moi.
▬ Vous seriez surpris des résultats qu’on peut obtenir si on sait y mettre le prix.
L’écossais aimait de moins en moins ce qu’il entendait.
▬ Qui êtes-vous?
▬ Ce n’est pas important.
▬ Si au contraire, c’est très important.
Le porte-parole du groupe prit tout son temps pour sortir son arme de son carcan et de la pointer nonchalamment en direction de sa famille et plus précisément sur son fils. Hannah laissa échapper un petit cri hystérique à l’idée que son fils soit tenu en joug par une arme à feu et le serra encore plus contre elle comme si ça pouvait le protéger. Charlie chercha à faire un pas pour s’interposer entre cet engin de mort et sa famille, mais il fut retenu par les deux costars qui l’encadraient toujours.
▬ Dans la mesure où je suis persuadé que la sécurité de votre famille vous importe, Charles, ce détail n’est pas si important que ça.
▬ Vous voulez quoi? Me découper en rondelle pour savoir ce qui cloche chez moi? Faites-le alors, j’en ai rien à cirer. Mais ne les touchez pas!
Les larmes commençaient à perler dans les magnifiques yeux d’Hannah et Kyle eut le simple réflexe de se boucher les oreilles en entendant son père crier de la sorte. Son papa était drôle d’ordinaire, mais là, il lui faisait surtout très peur et ces hommes encore plus.
Plongeant son regard dans celui de sa femme, Charlie prit sa décision en un centième de seconde. Lui plutôt qu’eux. C’était ce qu’il s’était toujours dit lorsqu’il pensait aux risques que sa famille pouvait courir à cause de son métier. Il joignit donc ses mains devant lui en signe de reddition et un homme s’approcha de lui sans attendre pour lui attacher les poignets ensemble avec du ruban électrique. Ils n’allaient pas faire la même erreur de sous-estimer son nombre unique cette fois-ci.
▬ Charlie!
Poussée par un courage qu’elle ne se connaissait pas elle-même, Hannah quitta le canapé pour se précipiter vers lui. Elle ne comprenait strictement rien à toute la conversation qui venait d’avoir lieu, mais elle avait plus ou moins saisi la seule chose essentielle pour elle. Ces hommes étaient en train de lui prendre son mari.
▬ Shhhh, ça va aller.
Parlant calmement, Charlie avait gratifié ses mots d’un baiser sur le front de sa femme.
▬ Non, ça ne va pas du tout!
▬ Si, ça va aller.
Ils avaient déjà eu cette discussion. Hannah n’avait jamais rien voulu entendre à ce sujet, mais Charlie l’avait obligé à l’écouter. Ce qu’elle devait faire s’il lui arrivait quelque chose. Les gens à contacter, où aller. Elle savait tout ça.
▬ Je t’aime.
Il lui sourit tendrement, comme si le reste autour n’existait pas. Il voulait au moins que la dernière image qu’elle aurait de lui soit celle d’un homme au regard doux et amoureux. Non pas larmoyant et terrifié.
Quelques secondes plus tard, les hommes qui l’encadraient le poussèrent sans ménagement vers la sortie du salon. Ce fut au second pas dans le couloir que Charlie entendit ce qui changea toute la donne.
▬ Prenez l’enfant.
Immédiatement, Hannah s’était mise à crier des « non » à la fois désespérés et combatifs. Charlie avait essayé de fausser compagnie à ses geôliers pour retourner au salon et c’est là que détonna le coup de feu. Le cœur de l’écossais cessa de battre, son sang se glaça dans ses veines et il redoubla d’ardeur dans ses gestes, tandis que les pleures de Kyle lui montaient aux oreilles. Il ne put que voir vaguement la pièce, mais suffisamment pour reconnaître sans mal le corps ensanglanté de sa femme allongé sur le parquet.
▬ Hannah!
Tiré vers la porte principale de la maison, Charlie ne pouvait rien faire, sinon résister inutilement à ses persécuteurs et grogner sa rage, la colère et la tristesse se mélangeant pour l’empêcher de formuler le moindre mot intelligible.
Ce fut à peine s’il sentit l’air frais de la brise printanière sur son visage lorsqu’il se retrouva dehors. Un van noir, sans fenêtre à l’arrière, attendait dans l’entrée et Charlie fut poussé à l’intérieur sans que son corps ne trouve suffisamment d’énergie pour se débattre.
Maintenant assis au milieu de la banquette, le brun avait les yeux fixés sur le néant, ayant du mal à réalisé ce qui venait de se passer. Il sembla revenir à lui uniquement lorsque les pleures de Kyle lui percutèrent les tympans de plus près.
Levant ses yeux rougis par l’émotion sur le porte-parole et meurtrier de sa femme, Charlie ne dit pas le moindre mot, mais l’homme sembla comprendre la requête du père.
▬ Donnez-lui son gamin, au moins jusqu’à ce qu’on arrive.
Kyle fut posé sur les genoux de son père, allant se nicher automatiquement dans son cou après que Charlie ait passé ses bras attachés autour de son petit corps d’enfant de quatre ans. Serrant la chaire de sa chaire contre lui, l’écossais pouvait le sentir trembler comme une feuille tandis qu’il continuait de pleurer.
Mais Charlie n’avait pas la force de lui glisser quelques mots doux pour qu’il se calme et cesse de pleurer. Lui-même avait le cœur qui battait à tout rompre et se sentait trembler, animé d’une rage indescriptible et plus forte que tout ce qu’il avait déjà connu. Il sentit même l’humidité chaude d’une larme roulant sur sa joue.
Hannah, l’amour de sa vie, la mère de son enfant, venait de mourir à cause de lui, à cause de ce qu’il était…
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How I did the biggest mistake of my life
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