THE LOVE ;; DISCOVERY ;; PRIMATECH ;; THE ESCAPE
▬ Alors Charlie, qu’est-ce que tu comptes faire de ta semaine de perm’ ?
▬ Je file à Londres, je bois pendant quarante-huit heures, si j’ai du bol j’ai une gentille fille pour me border, je récupère pendant douze heures et ensuite je recommence jusqu’à ce que je sois mort *0*

Sans doute la réponse typique d’un soldat célibataire de vingt et un an qui savourait une fois de plus le fait d’être revenu de mission en vie. Cependant, il y avait une chose qu’il n’avait pas calculé dans son charmant programme… le sourire diabolique de son adjudant-chef.
Et deux heures plus tard, notre homme n’était non pas dans un avion en route pour Londres, mais bien accoudé sur le rebord de la fenêtre du 4X4 de son mentor et meilleur ami. Affalé, le nez au vent, Charlie ne semblait pas des plus réjouis de se trouver là plutôt que d’être en route pour la beuverie monumentale qu’il s’était prévu.

▬ Mais qu’est-ce que je vais y faire moi à ta réunion de famille tu peux me dire?
▬ Tu vas vivre la permission d’un homme, pas d’un gamin. Ça te changera.
▬ Et si j’ai très envie de faire le gamin?
▬ T’auras qu’à jouer avec les gosses!
▬ C’était pas à ça que je pensais =.=
▬ Je sais.

Charlie roula les yeux et soupira profondément. Il échangeait une quantité phénoménale de bière et des jolies femmes à ne plus savoir qu’en faire pour une poignée de marmots et une grand-mère à moitié sourde, génial, vraiment génial =.=
Cependant, il fallait croire que dieu était du côté d’Andrew ce jour là. Une conspiration probable entre le tout puissant et l’adjudant, c’est nous qui vous le dit! Mais toujours fut-il que Charlie découvrit non seulement que Mémé Spencer n’était pas sourde – et qu’en plus elle reluquait le fessier des jeunes soldats, la perverse – mais en plus que jouer au cowboy et aux indiens – ouais les gosses ça ne pense pas en nombre, ça pense en taille et un grand Charlie, dans la tête d’un enfant, ça vaut pour quatre indiens nains – ça pouvait être marrant même si on passait le trois quart du jeu ficelé à un arbre. Bon, il y avait le côté peu hygiénique de se recevoir trois fléchettes à ventouse sur le visage, mais à l’exception de ce détail… D’accord! C’était pas si drôle que ça, content? è.é

▬ Hey Cowboy! Je te pensais fort et rusé, qu’est-ce que t’attends pour te sauver?
▬ Si j’avais un AK47, tu ferais moins le malin sale morveux è.é
▬ C’est peut-être un peu expéditif contre des enfants, vous ne pensez pas?
▬ D’accord, mon couteau de chasse dans ce cas…. Pour les écorchez vifs =.=

Et pendant qu’il avait marmonné son plan machiavélique, Charlie avait détourné les yeux de ses persécuteurs âgés entre dix et quatre ans pour les poser sur une magnifique brune qui respirait la simplicité. Et qui tentait de cacher un sourire amusé – sûrement les ventouses – question de restée polie. Hors donc, laissons la moquerie de côté, relevons seulement le fait qu’elle était jolie!

▬ Trois mois de combats dans le désert et vous vous faites avoir par des enfants?
▬ Pour ma défense, je dirai que je suis en congé… et que j’ai promis à Andrew qu’il aurait encore tous ses mômes à l’heure du dîner.

Chassant justement les enfants pour qu’ils rentrent manger, la belle inconnue entreprit de détacher Charlie de son arbre. Dès qu’il eut les mains libres, le sergent s’empressa de chasser les ventouses qui lui collaient à la peau.

▬ Et bien mission accomplie soldat, félicitation.
▬ Merci madame! Et merci pour le sauvetage, quoi que c’est la première fois que Lucky Luke se fait sauver par une demoiselle… Ça risque de faire mal à sa renommée =/
▬ Nous garderons cet incident entre nous dans ce cas.
▬ Vous, je vous aime bien! Je m’appelle Charlie, Charlie Duncan.
▬ Hannah. Je suis la belle-sœur d’Andrew.
▬ Excellent! J’ai au moins une chance de vous faire du gringue et d’en sortir vivant alors *0*
▬ Vous pensez? Andrew me dit souvent que je suis la sœur qu’il n’a jamais eue.

La mine réjouit de Charlie mourut aussi vite qu’elle était apparue et Hannah s’en amusa cruellement tout en se dirigeant vers la maison.

▬ Ce pourrait être une chose en plus que Lucky Luke et sa sauvetatrice pourraient garder entre eux, qu’en pensez-vous?
▬ À une seule condition.
▬ Laquelle?
▬ Ne dites plus sauvetatrice.
▬ À vos ordres madame!
▬ C’est mademoiselle.

S’arrêtant une seconde sur le porche, Charlie eut un sourire totalement séduit alors que la demoiselle – c’est pas nous, c’est elle qui le dit è.é – lui glissait un clin d’œil que nous osons qualifier de coquin. Et à en croire les poings serrés en parfait signe de « merci seigneur! » que Charlie eut avant d’entrer dans la maison, il n’était plus fâché contre cette conspiration que ledit seigneur et son adjudant-chef avaient concoctée pour lui.





Sept mois plus tard
De retour sur la ligne depuis quelques semaines, Andrew, Charlie et leur unité faisait face à des combats violents. Les tirs d’artilleries avaient de quoi rendre sourds et l’avancée était difficile, voir impossible selon les plus pessimistes. Mais ce n’était pas le cas de Charlie ni de son supérieur. Les ordres étaient d’avancer et ils avanceraient coûte que coûte.

▬ J’ai reçu une lettre de Mary hier, elle disait qu’Hannah commençait à se faire du souci.
▬ On peut pas en parler plus tard?

Face contre terre au fond d’un trou causé par du mortier, les deux hommes menaient la tête de leur unité en direction d’une batterie de tir adverses qui faisait rage. L’objectif, atteindre la batterie et la mettre hors d’état de nuire.

▬ Non, c’est pile poil le bon moment!
▬ Mais qu’est-ce que tu veux que je te dise?
▬ Que tu tiens à Hannah. Quand tu quittes une fille après six mois pour aller à la guerre, d’habitude tu gardes contact mon grand, tu connais rien aux relations hommes femmes?
▬ Je vais te dire, j’en connais un rayon dans le dix-huit ans et plus, mais question roman d’amour, c’est pas moi le spécialiste!

Se redressant pour tirer quelques salves en direction de l’ennemi, Charlie replongea sans attendre dans leur trou. Une explosion de grenade à quelques mètres fit jaillir de la terre et tous deux se couvrir la tête en s’enfonçant le nez dans le sol pour se protéger.

▬ Moi je m’y connais et quand on retournera au camp, tu vas écrire à Hannah, pigé?
▬ Et je vais lui écrire quoi? Salut chérie, quoi de neuf? Ça gaze?
▬ Tu lui dis que tu l’aimes abruti, c’est pas sorcier quand même! Et c’est un ordre! è.é
▬ Oui chef =.=

Andrew sourit, content de lui et les deux hommes s’emparèrent chacun d’une grenade. Charlie attendit le signe de l’adjudant et dès que celui-ci le donna, les deux hommes se redressèrent à vitesse grand V pour sortir de leur trou et foncer sur leur objectif…





Une semaine plus tard
Descendant d’un cargo militaire, l’état de Charlie montrait bien que la mission avait été tout sauf facile. Plusieurs écorchures sur le visage et son bras gauche en atèle n’étaient que la partie visible de l’iceberg. C’était sans compter son flanc gauche et sa jambe. Mais à ses yeux, ce n’était rien comparé à ce qu’il supportait de sa main droite. En tête des hommes qui portaient le cercueil en bois typiquement militaire, le grand brun avança jusqu’à se retrouver face à une Hannah en larmes, les mains contre sa bouche. Posant le cercueil au sol, Charlie se redressa par la suite, cherchant à rester le plus droit et impassible possible.

▬ Oh mon dieu, Charlie.

Hannah se jeta contre lui et Charlie l’entoura de son bras valide. La sentir contre lui, respirer son odeur, c’était un véritable soulagement.

▬ … Où est Mary?
▬ Elle n’a pas été capable de venir, elle m’a demandé si je pouvais…

L’émotion l’empêcha de poursuivre et Charlie la serra un peu plus fort.

▬ Je vais m’occuper de la paperasse t’en fait pas.

Il put sentir la jeune femme hocher de la tête contre son épaule et le brun la berça quelque peu avant de soupirer fortement dans son cou.

▬ C’est moi qui devrais être dans cette boite.
▬ Ne dit pas ça.
▬ Il avait une femme et des gosses, moi j’ai rien à perdre…
▬ Et moi je compte pour du beurre?

Elle s’écarta légèrement de lui et Charlie plongea ses yeux bleus dans son regard chocolat. Il repoussa les cheveux qui lui collaient au visage, le dernier ordre de son commandant lui revenant en mémoire.

▬ Non, c’est vrai… Je t’aime Hannah.

Il chassa ultimement une larme de sur sa joue avant de l’embrasser avec tendresse. Un premier « je t’aime » des plus sérieux qui se faisait dans de tristes circonstances, mais c’était là le dernier ordre d’Andrew… Charlie lui devait bien ça.